Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/328

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sur la route de Caunewitz ; à droite et à gauche s’étendent les anciens remparts, et derrière s’élèvent les maisons. On nous posta dans les chemins couverts, près de cette porte que des sapeurs avaient solidement barricadée. Le capitaine Vidal commandait alors le bataillon, réduit à trois cent vingt-cinq hommes. Quelques vieilles palissades vermoulues nous servaient de retranchements, et sur toutes les routes en face s’avançait l’ennemi. Cette fois, c’étaient des vestes blanches et des shakos plats sur la nuque, avec une espèce de haute plaque devant, où se voyait l’aigle à deux têtes des kreutzers. — Le vieux Pinto, qui les reconnut tout de suite, nous dit : « Ceux-là sont des Kaiserlicks ! nous les avons battus plus de cinquante fois depuis 1793 ; mais c’est égal, si le père de Marie-Louise avait un peu de cœur, ils seraient avec nous tout de même. » Depuis quelques instants on entendait la canonnade ; de l’autre côté de la ville, Blücher attaquait le faubourg de Hall. Bientôt après, le feu s’étendit à droite. Bernadotte attaquait le faubourg de Kohlgartenthôr, et presque en même temps les premiers obus des Autrichiens tombèrent dans nos chemins couverts ; ils se suivaient à la file ; plusieurs passant au-dessus du Hinterthôr