Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/53

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son almanach, derrière les petites vitres rondes de la croisée.

À côté de leur baraque était une cassine, sous le toit de la vieille halle, où travaillait le savetier Koniam, et plus loin se trouvait l’étalage des bouchers et des fruitières.

J’arrivai donc chez les Brainstein ; et le vieux en me voyant se leva, disant :

« C’est vous, monsieur Joseph ?

— Oui, père Brainstein, je viens à la place de M. Goulden, qui n’est pas bien.

— Ah ! bon… bon… c’est la même chose. »

Il mit son vieux tricot et son gros bonnet de laine, en chassant le chat qui dormait dessus ; puis il prit la grosse clef du clocher dans un tiroir, et nous sortîmes, moi, bien heureux de me trouver au grand air, malgré le froid, car dans ce trou tout était gris de vapeur, et l’on avait autant de peine à respirer que dans une marmite ; je n’ai jamais compris comment ces gens pouvaient vivre de la sorte.

Enfin nous remontâmes la rue, et le père Brainstein me dit :

« Vous connaissez le grand malheur de la Russie, monsieur Joseph ?

— Oui, père Brainstein ; c’est terrible !

— Ah ! fit-il, bien sûr ! Mais ça rapportera beaucoup de messes à l’église ; car, voyez-vous, tout