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Le brigadier Frédéric.

sur les remparts, furent encore emmenés comme prisonniers de guerre, les uns à Rastadt, les autres en Prusse, au milieu des neiges.

À cette nouvelle, la consternation s’étendit partout. Tant que le canon de Phalsbourg avait tonné, notre espérance s’était soutenue ; on se disait de temps en temps : « La France parle encore !… » Et cela vous faisait relever la tête ; mais alors le silence nous apprit que les Allemands étaient bien maîtres chez nous et qu’il fallait se faire petit, pour ne pas s’attirer leur colère.

Depuis ce jour, Georges, notre tristesse n’eut plus de bornes.

Pour comble de malheur, la maladie de la grand’mère s’aggravait. Un matin, comme j’entrais dans sa chambre, Marie-Rose me dit à voix basse :

« Mon père, la grand’mère est bien malade… elle ne dort plus… elle étouffe !… Tu devrais aller chercher le médecin.

— Tu as raison, mon enfant, lui dis-je ; nous avons déjà peut-être trop attendu. »

Et malgré la douleur de voir les vieux mura