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Le brigadier Frédéric.

j’avais respecté Je beau-père Bruat, en lui succédant vingt ans avant.

J’y pensais, c’était ma principale idée, et justement j’avais quelqu’un en vue, un grand et beau jeune homme de Felsbcrg, sorti des chasseurs à cheval quatre ou cinq ans avant et qui venait d’être nommé garde-forestier à Tomenthâl, près de chez nous. Il s’appelait Jean Merlin et connaissait déjà la partie forestière, ayant fait son apprentissage du côté d’Egisheim, en Alsace.

Ce garçon-là me plaisait, d’abord parce qu’il avait un bon caractère, ensuite parce que Marie-Rose le regardait d’un œil favorable. J’avais remarqué qu’elle rougissait toujours un peu, en le voyant entrer à la maison faire son rapport, et que lui, ces jours-là, ne manquait jamais d’arriver en tenue, la petite casquette à cor de chasse ornée d’une feuille de chêne ou d’une brindille de bruyère, ce qui relève un homme ; et que sa voix un peu rude, devenait très-douce en disant :

« Bonjour, mademoiselle Marie-Rose ; vous allez toujours bien ?… Quel beau temps aujourd’hui… quel beau soleil !… etc. »