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Le brigadier Frédéric.

en attendant l’heure de dormir ; quelques poules becquetaient encore dans la cour, et deux ou trois vieilles, à moitié déplumées, s’assoupissaient à l’ombre du petit mur.

Alors voyant Ragot accourir à ma rencontre, je me dis :

« Nous y voilà !… Maintenant, attention… Tu vas d’abord parler… Jean Merlin doit être là pour sûr… Il faut que tout soit clair d’avance !… »

Je montai les marches, et je vis Marie-Rose dans la chambre en bas, les bras nus, qui avec le rouleau sur notre grande table, pour faire des noûdels. Elle m’avait aperçu de loin, et continuait son ouvrage, sans lever les yeux.

« Tu travailles bien, Marie-Rose, lui dis-je.

— Ah ! c’est toi, mon père, fit-elle. Je fais des noûdels.

— Oui, c’est moi ; répondis-je, en accrochant mon sac au mur. J’arrive de chez M. l’inspecteur… Est-ce qu’il n’est venu personne ?

— Si, mon père, Jean Merlin est venu faire son rapport, mais il est reparti…