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Le brigadier Frédéric.

Pierre, m’apportait un ordre de M. l’inspecteur Laroche de venir sans retard.

Marie-Rose était descendue. Je ne pris que le temps de casser une croûte, et puis je partis, mon fusil en bandoulière. À sept heures, j’étais à la porte de M. Laroche, et j’entrais. Monsieur l’inspecteur, assis à son bureau, écrivait :

« Ah ! c’est vous, Frédéric, fit-il en déposant sa plume, asseyez-vous. Nous avons d’assez mauvaises nouvelles ; vous savez que notre petit corps détaché en observation près de Wissembourg, a subi un échec ?

— Oui, monsieur l’inspecteur.

— On s’est laissé surprendre, dit-il ; mais ce n’est rien, ça n’arrivera plus. »

Il paraissait tranquille comme à l’ordinaire, et dit que dans toutes les guerres il y avait des hauts et des bas ; qu’un premier engagement malheureux ne signifiait pas grand’chose, mais qu’il était toujours bon de prendre ses précautions en cas d’événements plus graves, impossibles à prévoir ; qu’il s’agissait donc de prévenir tous les hommes de ma brigade et ceux que nous employions aux travaux des chemins forestiers, d’être prêts à marcher avec leurs pioches,