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LECONTE DE LISLE


Leconte de Lisle n’était pas la gaieté même, il méprisait les vaudevillistes et il ignorait l’art délicat du calembour. Mais il fréquentait la beauté pure et il lui ajoutait quelque austère sublimité.

L’auteur des Poèmes antiques, des Poèmes barbares, des Poèmes tragiques a sa place déterminée dans l’histoire de la littérature. Les caractères exacts de son grandiose et morne génie sont étiquetés avec une précision définitive. À peine hésite-t-on sur le point de savoir si ce poète magnifique mais peu frivole était ou n’était pas impassible… On reconnaît, d’un accord commun, qu’il ne tremblait, pas comme la feuille — au moindre souffle du plus petit zéphir… Mais si on a dessein d’être original, on affirme que la sensibilité de Leconte de Lisle était vive, et on le démontre… Ne démontrera-t-on pas tôt ou tard que Lamartine par exemple, ou, si vous préférez, Victor Hugo étaient d’une insensibilité dégoûtante ?… Oui, on le démontrera. On démontre tout ce que l’on veut. Et d’erreur en erreur la vérité chemine doucement, humblement,