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DE CHARLES DE l’ESCLUSE

sans grande réputation. Vers la fin du mois de Février, le Dr Goupyl qui avait été, après la mort de Sylvius, seul Professeur royal de médecine, eut pour collègue le Dr Louis Duret, homme très docte et très soigneux, qui discourut sur sa profession le 10 Mars et, deux jours après, commença à interpréter très savamment le petit Livre d’Hippocrate sur les Humeurs (il a fait ressortir les grands services rendus par cet auteur, qu’il s’est proposé de prendre pour modèle de préférence à tous les autres Anciens). Stimulé par ce nouveau zèle, le Dr Goupyl, qui s’était reposé pendant presque sept mois, se mit à nous expliquer avec soin le 3me Livre de Paul d’Égine, livre sans doute très utile à ceux qui sont versés dans la théorie, parce qu’il embrasse la cure de toutes les maladies du corps.

Quant aux affaires de religion, il semble que Satan se soit efforcé de mettre autant que possible partout des obstacles : il a assez bien procédé, puisque 20 ou 30 mille hommes environ ont pu se réunir chaque jour pour entendre la parole de Dieu. Théodore de Bèze leur a parlé quelquefois, ainsi que François Perrucelle, de l’Église gallicane, jadis Ministre à Francfort, et rappelé ici ; mais cette Église a été presque dissoute par le Prince de Condé. Il s’y trouvait en outre trois ou quatre Ministres ordinaires. Les temples ne sont pas encore ouverts aux hommes pieux ; mais ils écoutent les discours en plein air, et là on leur administre les sacrements, malgré les murmures du pouvoir pontifical. J’oubliais presque de te dire que Duret a été placé dans le Collège des Professeurs royaux par le Prince de Condé, frère du Roi de Navarre, lequel s’était trouvé en grand péril de maladie et avait repris (grâce à Duret) sa santé première, alors qu’il avait été en quelque sorte abandonné par les autres médecins.

Écris-moi si les graines que j’ai remises à Scharve ont été les bien reçues et si tu prends plaisir à étudier cette partie de la médecine, car j’y appliquerai tous mes soins l’automne prochain, et je m’attends à recevoir des graines de Montpellier et d’autres endroits.

En attendant, savant Craton, je prie Dieu, père de N. S. Jésus-Christ, qu’il te conserve longtemps sain et sauf, et je te demande