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DE CHARLES DE l’ESCLUSE

gagné les esprits dans la plus grande partie de la France, qu’il n’était pas possible de l’extirper, comme le voudrait le Pouvoir pontifical, furieux de cet état de choses. C’est pourquoi je félicite Thomas Rediger, qu’en revenant de ma patrie j’ai rencontré en route, de se diriger vers la France. Car la paix, une fois rétablie en France, il est vraisemblable que tous les arts seront cultivés avec honneur et que les Professeurs seront rappelés dans les Académies.

Je n’ai rien de nouveau à t’écrire, si ce n’est que notre région est infestée par des voleurs, et qu’on leur laisse si grande licence que, dans les villes elles-mêmes, ils forcent jusqu’à l’entrée des maisons des citoyens. On rapportait aussi d’Espagne, les jours précédents, que sur huit navires qui, chargés de marchandises, faisaient voile vers l’Amérique, cinq avaient été submergés par les tempêtes.

Adieu, illustre Craton, et conserve-moi, comme tu le fais, ton amitié. Je voudrais te prier de saluer de ma part Nicolas Rediger, avec lequel je sais que tu es familier.

Gand, Nones de Décembre 1563. Toujours à toi, Carolus Clusius A.

— Je t’envoie l’élégie de mon vieil ami P. Lotiche, que j’avais trouvée à Anvers.



Edouard Morren nous apprend qu’en 1563, peut-être à l’instigation de son puissant ami Craton de Kraftheim, Charles de l’Escluse fut prié par le Seigneur d’Augsbourg, Antoine Fugger[1], d’accompagner ses deux fils Jacques et Marc Fugger, dans un voyage d’instruction qui devait avoir lieu en Italie. Mais diverses circonstances ayant retenu Charles de l’Escluse à Gand, il ne put se mettre en route qu’en 1564. Seulement, au lieu d’aller en Italie, il traversa avec les Fugger le sud-ouest de la France et parcourut ensuite l’Espagne et le Por-

  1. Les Fugger sont cités comme appartenant à une des plus riches familles de négociants de l’époque.