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DE CHARLES DE L'ESCLUSE

Mais on vient d’apprendre, par la lettre XXXIV, que Charles de l’Escluse revenait de la Hongrie, de chez le Seigneur de Batthyan. Il était, en effet, à cette époque dans une situation assez délicate, et les moyens de vivre ne devaient pas lui être faciles à trouver. Il demeurait à Vienne chez son excellent ami le médecin Jean Aichholz, Professeur à l’Université, qui lui épargnait du moins les difficultés journalières de l’existence. Notre savant parle toujours de son hôte en termes reconnaissants et, dans son Histoire des plantes rares, il n’oublie pas de citer son jardin, comme étant très bien cultivé. Le Dr Reichardt qui s’est beaucoup occupé de notre botaniste, a retrouvé à Vienne, en 1865, l’emplacement de la maison d’Aichholz dans le Wollzeile n° 10 ; quant au jardin, dont il est question, il devait être situé sur les terrasses du Schottenberg.

La postérité n’a pas seulement à exprimer des sentiments de gratitude envers Aichholz, elle lui associe également le Sénéchal de Hongrie, baron Balthasar de Batthyan, qui avait mis son château de Güssing, ou en hongrois Xcmcth-Ujvàr, et sa riche bibliothèque à la disposition du pauvre savant. C’est pendant son séjour chez cet hôte aimable que Charles de l’Escluse put faire ses observations sur la végétation hongroise et en particulier sur les Champignons. Il publia, en effet, en 1601, un petit Traité sur les Champignons comestibles et vénéneux de la Hongrie[1], qui fait suite à son Histoire des plantes rares, sous le titre de Fungorum in Pannoniis observatorum brevis Historia, Nous y relevons les deux Notes suivantes qui nous semblent avoir assez d’intérêt pour trouver place ici.

« Je me rappelle, dit Charles de l’Escluse, qu’en l’année 1584 j’étais chez l’illustre Héros Balthasar de Bathyan, vers l’époque de la vendange (car il avait l’habitude, chaque année, deux ou trois fois, de m’envoyer chercher pour me rendre en voiture chez lui). J’avais reçu l’hospitalitê dans son Château-fort de Nemeth-Wywar. Or il arriva qu’un jour, par un heureux hasard, on servit sur la table, pendant que nous dînions, un plat d’Oronges cuites dans leur jus. Comme

  1. C’est un des plus anciens Traités que nous possédions sur les Champignons, dont une centaine d’espèces sont décrites et une trentaine sont figurées.