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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

alors la partie inutile et desséchée, et je mis dans un nouveau vase la partie du tronc à laquelle ils adhéraient. J’y appliquai tous mes soins pour en obtenir plus tard un élégant arbuste. Quant aux nouveaux rejetons qui poussèrent un peu plus haut sur le tronc, je les courbais dans la terre où ils s’enracinèrent et ils me donnèrent d’autres jeunes arbustes que je distribuai à de grands personnages et à mes amis. Je me suis sans doute un peu trop étendu sur ces détails, qui auront peut-être ennuyé le Lecteur ; mais je n’ai pu les passer sous silence, parce que je désirais faire connaître aux amis des plantes les difficultés que j’ai eu à vaincre pour arriver à posséder cette très rare espèce[1]. » Parmi ces amis, se trouvait le Dr Aichholz, dans le jardin duquel le jeune arbuste prospéra, car Charles de l’Escluse nous apprend qu’en l’année 1583 il était au mois de Mai remarquablement fleuri. Cette floraison se produisit de même, quelques années après, à Nuremberg, chez son autre ami Joachim Camerarius.

Les plantes bulbeuses avaient été pour Clusius l’objet de cultures toutes particulières dans son petit jardin, soit à Vienne, soit à Francfort. Lorsqu’il ne pouvait avoir les bulbes d’espèces rares ou nouvelles, il n’hésitait pas à les semer de graines qu’il recevait de ses correspondants, et il distribuait aux amateurs et à ses amis les bulbes qu’il obtenait de cette culture longue et aléatoire. Il a cultivé ainsi nombre de Tulipes, de Narcisses, de Lis et d’Iris, dont il a décrit et fait dessiner les espèces, la plupart encore inconnues.

Charles de l’Escluse n’a pas laissé de détails sur ses petits jardins. Celui de Vienne devait être entouré de murs, car il parle du Scrophularia vernalis[2] qui s’était par hasard, en 1578, développé sur un de ces murs et qui, ensuite, s’était semé de lui-même dans le jardin. Il cite également un Stachys[3] qu’il avait rapporté en 1579 de Hongrie, et replanté, et qui avait persisté pendant plusieurs années, en reproduisant de nouveaux pieds qui remplissaient dans le jardin les carreaux et les plates-bandes. Nous pouvons ajouter que Charles de l’Escluse avait aussi essayé la culture des plantes alpines et qu’il avait

  1. Rar. plant. Hist., p. 5.
  2. Rar. plant. Hist., p. xxxviii.
  3. Id., p. xxxvi.