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LES PERSES

aux grands vaisseaux de la mer. Pourquoi Daréios jadis n’est-il pas resté dans sa ville, chef pacifique du peuple, lui, le roi cher à ceux de Suse ?

Antistrophe I.

Tous, fantassins et matelots, quand elles eurent ouvert leurs ailes noires, les nefs les ont emmenés, hélas, les nefs les ont perdus, hélas, les nefs aux éperons d’airain lourd et meurtrier, et les coups des Ioniens. Le Roi lui-même, à grand peine a pu s’échapper, nous dit-on, par les plaines de la Thrace et les durs chemins de l’hiver.

Strophe II.

Et les premières victimes, hélas, abandonnées au destin, hélas, gisent par les grèves de Salamine, ah, ah. Gémissons et pleurons nos larmes, et que vers le ciel montent nos cris, ah, ah, et qu’on entende la plainte morne de notre chant de deuil.

Antistrophe II.

Roulés par la mer rude, hélas, ils sont mangés par les poissons, hélas, par les fils des flots incorruptibles, ah, ah. La maison veuve pleure son maître, et les pères sans fils apprennent, ah, ah, pauvres vieillards, le destin sombre et tout le lourd désastre.

Strophe III.

Bientôt, les peuples de l’Asie ne seront plus soumis aux Perses ; ils ne paieront plus le tribut que leur imposèrent les maîtres, et leurs têtes obéissantes ne s’inclineront plus à terre : la puissance royale est morte.

Antistrophe III.

La langue n’est plus enchaînée ; affranchis maintenant, les hommes disent librement leur pensée, le joug de la force est brisé. Dans les flots sanglants qui entourent l’île d’Ajax, s’est engloutie l’antique puissance des Perses.

L’attitude du CHŒUR est morne et découragée.