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inspirations fugitives qui ont peur de l’hiver et de la froide critique, des harmonies qui viennent de naître, et qui hasardent quelques volées autour du nid paternel ; voilà tout. En regardant ces innocens volatiles qui se croisent sur la surface des lacs, et trempent leur aile dans l’eau dormante des marais, il lui est souvent venu dans l’esprit de désirer à ses vers un ciel bleu, une verdure de printemps, et un nid au milieu de l’orage. Puis il lui a semblé qu’il y avait sympathie entre les goûts du poète et ceux de l’hirondelle : tous deux aiment les vieux donjons, les tours mousseuses, les longs voyages, les ruines sous un ciel étranger et merveilleux. Qu’est-ce que la vie de l’oiseau ? un peu d’azur, une goutte d’eau, un rayon de soleil, un nid sous une feuille, un vol continu dans le ciel et toujours passager sur la terre. — C’est aussi la vie du poète.

Nous détacherons de ce recueil une pièce, qui achèvera d’exprimer notre pensée.

Le peuple des oiseaux comme celui des hommes
A des penchans divers ;
Les uns quittent aussi les pays où nous sommes
En fuyant les hivers ;