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Suspendez aux rameaux une lyre brisée,
Pour que le doux zéphyr et la brise glacée
En tirent de sombres accords ;
Pour que, durant la nuit, la vierge échevelée
Fasse entendre des sons au pied du mausolée,
Tristes comme la voix des morts.

Qu’un banc de vert gazon sous l’ombrage s’élève
Pour que le passager s’y repose, et qu’il rêve ;
Que, grave et dans un saint transport,
Regardant à ses pieds, il dise : « Je voyage ;
Des peines du chemin, après un long orage,
Un jour, ce sera là le port. »

Alors, ombre du ciel, parfois quand le jour tombe.
Je reviendrai m’asseoir, à côté de ma tombe
Avec ma robe de vapeur.
Je me rappellerai les peines de la vie,
Et puis, par les enfans vainement poursuivie
Je fuirai sans leur faire peur.

Septembre 1831.