Page:Esquiros - Les Hirondelles, 1834.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 162 —

Au fond d’un val riant que de hautes collines
Couronnent de forêts, de lacs et de rochers,
Sous des berceaux mouvans de pins et d’églantine,
S’élève une chapelle où des voix argentines
Font frémir le toit des clochers.
 
La madone à l’autel ouvre ses bras de pierre ;
Berthe, sainte du lieu, la priait à genoux ;
Sous ses doigts blanchissans glissait un long rosaire,
Et son sein, où pendait une croix tutélaire,
Gonflait sous son voile jaloux.

Ses bras modestement croisent sur sa poitrine,
Le monde, sous ses pieds, bientôt s’évanouit,
Et pour récompenser sa foi qui tout devine,
À chaque ave qui meurt sur sa bouche divine
Une rose s’épanouit.

Les anges la cueillaient sur sa lèvre entr’ouverte,
Enlaçaient sous leurs doigts un chapelet de fleurs,
Caressaient en volant les blonds cheveux de Berthe,
Soulevaient son long voile, et sur leur aile alerte
De ses yeux recueillaient les pleurs.