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l’Angleterre, c’est Shakespeare, c’est Byron ; c’est le rire ironique de l’homme qui a vu et pensé ; c’est la vie désenchantée d’illusions ; c’est le monde jeté dans le drame ou dans le poème ; c’est le néant sous la grandeur, le crime au fond de la vertu, le doute au bout de la foi ; c’est l’humanité faite ; c’est tout dans tout ; c’est l’homme dans le monde et le monde dans l’immensité.

L’auteur ne conçoit plus maintenant, pour ceux même qui goûtent encore les vers, que trois genres de poésies possibles :

La poésie religieuse.

La poésie historique.

La poésie individuelle.

Développons ces idées.

La plus haute poésie est celle qui se passe entre l’ame et Dieu : parce que la poésie n’est pas le retentissement d’une rime sur une rime, ni la disposition symétrique d’un hémistiche, ni l’imitation puérile d’un son ou d’un objet. La poésie, c’est toute révélation intime, toute rêverie profonde, tout jet de l’ame, tout épanouissement du cœur ; c’est la mélodie perpétuelle de l’expression avec la pensée, et de la pensée avec la vérité ; c’est la symphonie des êtres et de leurs rapports ; c’est l’accord du ciel avec la terre. La poésie est un