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Sur les anges sa vue agit ;
Car leur front sur leur sein se penche
Et du bout de son ailel)lanche
L’un se voila ; — l’autre rougit.

Le lendemain ils s’en allèrent,
L’un pour rallumer le soleil,
L’autre, quand les cieux s’éclairèrent,
D’un enfant bercer le réveil.
— Ne retourne pas sur la rive,
Dit l’ange d’une voix craintive,
Ève perdit l’homme innocent.
Ne crains rien, répondit son frère,
Mon regard n’est pas téméraire ;
Adieu, je pars en t’embrassant.

Quand du ciel la sainte milice
Revint se ranger au saint lieu.
De l’amour portant le calice
Pour étancher la soif de Dieu ;
Au milieu du cercle splendide,
Hélas ! une place était vide ;
Son frère pleura ; Salomon
Le premier devina l’histoire ;
En vain on refusa d’y croire…
L’ange n’était plus qu’un démon.