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II.


— Voici plus de deux ans que l’ingrat m’a quittée !
Je regarde toujours : mais sur l’onde agitée,
Pas de blanc pavillon qui flotte au gré du vent,
Pas de nef qui là-bas à mes yeux se dévoile,
Et demain, cependant, je dois prendre le voile,
Dieu ! qu’il arrive auparavant !
 
Madone de ces lieux, te souvient-il encore
Quand le lac blanchissait aux rayons de l’aurore,
Que nous t’invoquions auprès du coudrier ;
Alors j’avais la foi, j’étais bonne et moins haute :
Depuis qu’il est parti, ce n’est pas de ma faute,
Vierge, je ne puis plus prier !

Au moins, si je voyais une blanche colombe,
Messagère d’amour et dont l’aile retombe :
5’il m’envoyait son ange en mes songes jaloux ;
Mais non : je vais mourir seule en un cloitre austère,
Car, perdant son amour, après lui sur la terre
Je ne veux que Dieu pour époux. —