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Alors on vit, au loin, se dessiner dans l’ombre,
Au milieu de l’orage, une figure sombre,
Avec deux éclairs dans les yeux ;
Ses cheveux hérissés flottaient sur la colline,
Et l’aquilon sifflant sur son front qui s’incline,
S’en allait plus fier dans les cieux.

Il rêvait… quand soudain, avec un grand bruit d’aile,
Trahi par ses efforts en son vol infidèle,
Tombe à terre un aigle blessé :
Il pousse un cri plaintif ; et son aile tremblante,
Laissant sur la poussière une empreinte sanglante,
Soulevait son corps épuisé.

Battu par la tempête et blessé par la foudre,
Sur ces monts escarpés et ces rochers en poudre
Il venait chercher un tombeau.
Ou bien, du haut des cieux reconnaissant son maître
Comme linceul funèbre, il réclamait peut-être
De sa pourpre au moins un lambeau.

Et le Destin sourit, en voyant ces victimes
Qui du monde et du ciel n’avaient touché les cimes,