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Adieu, champs moissonnés, adieu, verte prairie,
Adieu, temple rustique entouré de troupeaux,
Où la foi s’agenouille, où l’innocence prie,
Où les morts, les vivans vont chercher le repos ;
 
Adieu, coursiers fougueux, adieu blanche cavale,
Adieu dogues dans l’ombre, accourant à ma voix,
Des ondes de Blandus ! ô fontaine rivale,
Parc ombragé de pins, doux silences des bois ;

Adieu, nids des oiseaux et vous blanches colombes,
Qui baignez votre plume aux ondes du lavoir.
Chaumières du hameau, sombre asile des tombes ;
— Avant que de mourir, puissé-je vous revoir !
 
Puissé-je, lorsque l’âge aura courbé ma tête,
Venir près de ce port abriter mes vieux ans,
Et, comme un nautonnier, lassé de sa tempête,
Aux rameaux toujours verts mêler mes cheveux blancs.

Vous serez loin alors, ô mes jeunes années,
L’ombre de ces vieux murs noircira mon vieux front,
Et détachant, du doigt, mes guirlandes fanées,
Je serai près d’aller où les autres iront.

Lors je vous relirai, vers, avec complaisance,
J’irai, dans ces beaux lieux, chercher un souvenir,
Je dirai : c’est bien là que s’assit mon enfance
Et dans le temps passé je croirai rajeunir.