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Te souvient-îl encor, qu’en ce lieu solitaire,
Voici bientôt deux ans, quand tu quittas la terre,
Tu laissas un ami ?
Viens-tu, pendant la nuit, ô céleste nuage,
Me rappeler son nom, réveiller son image,
Dans mon sein endormi ?

Que me veut donc là haut cette grande ombre blanche
Qui passe dans la nue, et dont le front se penche
Sur mon front incliné ?
Elle semble vouloir gémir à mon oreille
Un nom qui meurt toujours sur sa lèvre vermeille,
Mais que j’ai deviné.

Elise, c’est donc toi ! Vaine ombre, tu repasses
Aux lieux qui de nos pieds gardent encor les traces
Sur leur gazon fleuri ;
Puis regardant pensive une verte chaumière,
Tu dis : C’est donc bien là que j’ai clos la paupière
Près d’un frère chéri !

Oh ! souviens-toi de moi, dans ta sphère angélique,
Eclaire d’un rayon mon front mélancolique
Et parle-moi des cieux !
Dis-moi quand nous pourrons, en sortant de la vie,
Dans le sein du Seigneur, ô ma céleste amie,
Nous retrouver tous deux !