Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/125

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phon ; il voyait une ennemie personnelle dans cette grande étendue d’eau, qui avait plusieurs fois recouvert son domaine. Horace se fait, bien plus tard, à Rome, l’écho de ces anciens préjugés, ou, pour mieux dire, de ces anciennes terreurs, quand il invective la Méditerranée féroce, pelago truci, qui lui avait pris son ami Virgile. Une telle haine contre la mer et contre la navigation, dans les temps anciens, remonte, nous le croyons, aux grands mouvemens qui ont précédé l’assiette si long-temps incertaine du globe. L’homme a-t-il été témoin des derniers cataclysmes qui ont remis aux prises la terre et la mer, ou bien faut-il attribuer cette réminiscence, très obscure, au sentiment général de la création qui s’exprimait vaguement par la voix de son dernier né ? Songeons que les grands débris du monde antédiluvien, quoique enfouis sans doute et disparus, n’étaient point, à l’origine du genre humain, aussi effacés qu’ils l’ont été par la suite des siècles. Les traces des grands événemens géologiques n’ont d’ailleurs jamais été uniformément cachées ; s’il faut entrer très avant dans la terre pour mettre à nu des époques anciennes de la nature ; il existe des créations plus récentes et des derniers ravages, dont nous ne sommes séparés, encore maintenant, que par un voile de sable. Comme la religion était dans l’Inde et dans l’ancienne Égypte le dépôt des connaissances, des souvenirs, des conjectures, il n’y a rien d’étonnant à ce que les idées des premiers hommes sur les luttes de la terre et de la mer, se soient inscrites dans les usages publics du culte. Cet antagonisme primitif des