Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/150

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un monde ennemi qui voulait ramener le néant. La vie triompha. Ce ne fut toutefois que sous les formes les plus simples et les plus rapprochées de la nature inerte qu’elle essaya dans les premiers temps de s’emparer du globe. Des végétaux acotylédons bordèrent de leurs fils déliés les rivages indécis de cette mer qui se déplaçait sans cesse ; des zoophytes à sensations obtuses et sourdes, êtres ambigus qui tiennent autant du minéral que de l’animal, des mollusques, plus tard quelques poissons en petit nombre, vinrent occuper faiblement l’immensité des eaux. Ces premiers-nés nés de la création, qui forment l’aurore du règne animal, ne tardèrent pas à disparaître et à être remplacés par d’autres zoophytes, d’autres mollusques, d’autres poissons, lesquels vont se renouvelant à leur tour, d’étage en étage, à travers les couches que le travail de la vie et de la mort superpose les unes aux autres pendant la longue durée des siècles. La vie, sans cesse en mouvement, quitte certaines formes usées pour en revêtir de nouvelles, qu’elle change encore ; et ce sont ces formes abandonnées par la nature, mais conservées à l’état de fossiles, qui se montrent de cases en cases dans notre musée de géologie.

La création, une dans son principe créant, a eu sur le globe une marche successive. À peine l’air a-t-il dépouillé les propriétés nuisibles à la vie des plantes, que le règne végétal, d’abord timide et indécis, prend sous un milieu ambiant, chargé de gaz acide carbonique, des développemens énormes et incroyables. Un terrain entier, qui s’étend à une grande profondeur sur toute l’étendue du globe, a été formé par les dé-