Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/167

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naguère par George Cuvier. Ces divers habitans de forêts qui n’existent plus vivaient sur les continents où l’homme devait asseoir par la suite sa domination. On retrouve leurs débris dans les gypses mêlés de calcaire des environs de Paris. Mais que cette ancienne partie de la terre était loin de ressembler à notre demeure présente ! Des palæothères, des lophiodons, des anoplotères, des chéropotames, le xiphodon, leste et svelte comme la plus jolie gazelle, l’adapis, égal par la taille au lapin, tous animaux inconnus dans la nature vivante, occupaient ce monde non moins extraordinaire que ses habitans. Des arbres qu’on ne retrouve plus, ou qu’on ne retrouve que sous un autre soleil, les abritaient de leurs très hautes tiges et de leur végétation plantureuse. Des lacs, qui nourrissaient des poissons ignorés dans nos eaux actuelles, servaient à les abreuver. Plusieurs d’entre eux en traversaient les ondes à la nage. Des oiseaux, des crocodiles, des tortues, également étrangers à notre nature moderne, volaient, rampaient, nageaient dans tous les milieux à-la-fois. La terre émue nourrissait de végétaux ses premiers enfans. Déjà pourtant quelques carnassiers, à la tête desquels se placent une chauve-souris du genre vespertilion et un autre animal perdu de la famille des mangoustes, à dents longues et tranchantes, ravageaient le nouveau règne animal. Cette période de jeunesse, durant laquelle tous les grands types d’organisation se montraient peu-à-peu, fût le premier essai suivi et sérieux par lequel la nature préludait à l’établissement de la vie sur la terre. Mais le monde devait subir encore trop de vicissitudes