Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/231

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organique ? La nature tourne en tous sens autour d’un axe fixe. Le fiat lux de la puissance créatrice est tombé ici dans les plaines de l’air, là dans l’Océan, ailleurs sur l’écorce solide du globe ; douée d’une force relative, la vie s’est développée dans ces différens milieux selon des lois appliquées à la nature du séjour. — Vous êtes poète, répondait Cuvier avec un sourire méprisant et froid ! — Historien et philosophe, reprenait fièrement son adversaire, j’ai cherché mes preuves dans la nature. Qu’y ai-je vu ? Avec les mêmes élémens modifiés, l’auteur de l’univers a établi des lois constantes d’harmonie entre les organes d’un animal, et les circonstances dans lesquelles cet animal est appelé à vivre. Ce qui est poil ici, devient plume ou écaille ailleurs. La main se transforme en patte, en aile, en nageoire. Au fond c’est toujours le même principe qui agit. — Mais vous enchaînez la liberté de Dieu ! — Je n’enchaîne rien : retracer la marche que le Créateur a suivie dans l’arrangement mécanique des êtres, ce n’est aucunement lui dicter des lois ! Je n’ordonne pas, je constate. — À qui espérez-vous faire croire qu’un insecte ou un mollusque soit construit sur le même plan que l’homme ? — Plus on descend vers les régions obscures et basses du règne animal, plus sans doute les difficultés augmentent pour rattacher l’organisation des êtres inférieurs à celle des mammifères. Les tentatives hardies faites dans ce dessein, au-delà des animaux vertébrés, ont pourtant donné déjà quelques heureux résultats. Il faut tout attendre de la révélation croissante des faits. La lune se montra long-temps rebelle