Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/342

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habitans des mers, contemporains pour la plupart d’un monde où l’homme était encore inconnu, ressemblent dans leur grandeur et leur désordre, aux ruines, d’une création bouleversée. Montez : vous voici à la hauteur du déluge, les premiers mammifères étaient autour de vous les débris de leurs mâchoires gigantesques, leurs puissantes vertèbres, leurs dents monumentales, comme autant de traces indestructibles de leur lourd passage sur le globe. Ce sont les ancêtres de notre univers : saluez ! Ce monde sec, ces espèces éteintes, ces vestiges incohérents d’une nature immense et disparue, font bientôt place à une autre nature et à d’autres débris. À mesure que vous avancez, la force créatrice s’apaise et se modère : l’animalité s’élève et t’ennoblit. — Enfin nous voici arrivés à l’homme ! — De longues armoires grises, fermées de treillis en fil d’archal, servent tristement de cages à des squelettes suspendus en l’air. Les uns sont les restes de pauvres étrangers morts à l’hôpital de la Pitié dans les salles de M. Serres : comme nul ne réclamait leurs os, la science s’en est emparée. D’autres ont été ramenés de loin par des voyageurs à titre de pièces curieuses. Voici le squelette d’une femme Ganche, ancien peuple, aujourd’hui éteint, de l’île de Ténériffe ; la ruine d’une ruine ! D’autres fois une chronique de sang s’attache à ces restes méconnaissables. Au-dessus d’un de ces sujets de la science on lit sur un écriteau : Soliman-El-Haleby, jeune Syrien instruit, mais très fanatique, assassin de Kléber en Égypte, donné par Larrey. Avant de lui faire subir le dernier supplice, on brûla à Soliman-