Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/38

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quelques idées générales sur l’ensemble des phénomènes de l’univers, et principalement sur les différences qui existent entre les êtres aujourd’hui vivans. Quelle est l’origine de cette variété inépuisable de formes dont l’œil le moins exercé est, pour ainsi dire, saisi au jardin des Plantes ? — Quelle est la cause qui distingue par des caractères arrêtés les nombreux animaux du globe terrestre ?

Différer, se départir du tout, telle est la tendance croissante, qui se manifeste dans l’ensemble de la création, après le premier âge du monde. Plus en effet les époques vers lesquelles on remonte sont anciennes, plus les causes générales ont eu d’empire sur la terre. Tant que l’action de ces causes extérieures a été uniforme sur le globe, la création animale s’est montrée partout semblable à elle-même. Une nature muette, sans variété, s’étendait çà et là, — dans ces temps où la loi de localisation n’existait pas. Le monde même que nous habitons n’avait pas encore la physionomie astronomique qui le distingue aujourd’hui des autres mondes. Le dernier grand cataclysme doit avoir eu surtout pour résultat d’envelopper la terre d’une atmosphère nouvelle, moins accessible que l’autre aux influences célestes. Avec le cours des siècles, notre globe s’est fait, comme on dit maintenant, une individualité : la vie a suivi la même tendance au dégagement. A mesure que les temps se rapprochent dans la chaîne des faits antédiluviens, l’énergie des causes locales se développe, et le règne animal perd sa monotone constance. Que dis-je ? nous le voyons acquérir avec le temps cette indépendance de caractères,