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plus grand peintre, quand même il serait né sans mains. De très bons dessinateurs sont fort maladroits, et la plupart ont une mauvaise écriture. La musique ne réside pas davantage dans l’instrument vocal que la nature a donné à l’homme. Beaucoup de très grands compositeurs chantent faux. La faculté de saisir les harmonies des sons est si indépendante de la voix, que les amateurs se plaisent à lire dans le silence les idées de la musique. Une preuve encore que le talent n’est pas dans la main qui exécute, c’est que, les doigts manquant, l’individu invente au besoin d’autres membres supplémentaires. On connaît de nos jours cet artiste né sans mains, qui se sert de son pied pour peindre. Un maître de l’école française, paralysé de la main droite, exécute de la main gauche l’un doses meilleurs tableaux, qu’on peut voir dans le chœur de Notre-Dame. Le cabinet du Jardin du Roi possède le masque d’un soldat musicien, qui, après l’amputation d’un bras, imagina une mécanique au moyen de laquelle il se servit de sa flûte comme au temps où il jouissait de ses deux bras. Tous ces faits amenèrent le docteur Gall à la conclusion suivante : l’homme n’est pas né peintre ou musicien parce qu’il si des mains ou de la voix, mais la nature lui a donné des mains et de la voix pour le mettre en état de manifester au-dehors ses facultés intérieures.

Selon la doctrine que Gall venit de trouver en défaut, l’homme était tributaire, par les sens, du monde extérieur : il en recevait le germe de toutes ses facultés. Le docteur, pour combattre cette seconds erreur, eut recours de nouveau a l’expérience. Il s’adressa d’a-