Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/392

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même successivement le dessin, le coloris et la peinture. Vous pouvez voir, dans le cabinet de Gall, le masque d’un autre enfant de six ans doué d’un talent remarquable. Il faisait des caricatures fort ingénieuses avec des feuilles de papier qu’il découpait aussi vite que si le dessin de ces figures eût été tracé d’avance. Le docteur Gall rencontra de même la faculté poétique chez de jeunes pâtres allemands qui ne savaient pas lire. Voltaire composait des vers à sept ans. Béranger, privé de toute éducation classique, chantait au hasard ses immortelles chansons sans trop savoir ce qu’il faisait. Tout le monde est d’avis d’ailleurs que la réflexion ne suffit pas à découvrir les lois d’un art. L’étude ne supplée guère davantage aux moyens innés, même pour ce qui est de la science. La plupart des savans et des mathématiciens fameux ont été entraînés à de belles découvertes par le seul courant de leur nature. Herschell avait l’inquiétude de ce qui se passait au-dessus de sa tête dans le ciel étoilé, long-temps avant d’avoir eu commerce avec aucun livre d’astronomie. Plus tard, reconnaissant l’insuffisance de ses yeux pour suivre les mouvemens de ces grands corps imperceptibles, et trop pauvre pour acheter un télescope, il inventa lui-même ces merveilleuses lunettes et ces machines qui ont tant contribué à sa gloire. Que dire de la sœur de ce grand astronome qui, sans avoir étudié, inventa l’art de prédire l’arrivée des comètes ? À peine le jeune Vaucanson a-t-il regardé le mouvement d’une pendule à travers la fente de son étui, qu’il fait une pendule en bois sans autre outil qu’un mauvais couteau. À douze