Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/44

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règle tantôt sur l’état général, tantôt sur les énergies localisées du globe terrestre.

Si la forme est susceptible de changemens et de variations, où s’arrête l’action modificatrice des causes extérieures ? Quelle est, en un mot, la limite des mutations de l’être ? Ici le terrain des faits tremble, et toute la philosophie de la science se divise. — Il existe en histoire naturelle une école nouvelle qui n’admet presque aucunes bornes à la toute-puissance des milieux ambians, pour atteindre et modifier les lois de l’organisation animale. Si l’action lente du temps suffit pour altérer insensiblement les formes, au moyen de faibles changemens survenus dans l’atmosphère ou dans la nature des autres causes extérieures, cette action sera bien plus énergique et bien plus décisive encore, dans le cas où des cataclysmes concourraient à lui donner une plus grande intensité. Il en résulte que les faits auxquels se rattache l’organisation actuelle des êtres, à la surface du monde fixé, ont pu s’engendrer les uns des autres, dans les époques antédiluviennes, par un mouvement enchaîné. Ce système, dont les adversaires ont, à dessein, forcé les conséquences, a été jugé sévèrement au point de vue religieux. Si une doctrine philosophique se cache derrière cette idée des transmigrations de la vie, ce n’est à coup sûr pas l’athéisme. Loin d’exclure l’intervention de la Providence, une telle idée l’appelle au contraire directement sur l’ordonnance et le progrès des choses, depuis l’origine du globe terrestre. Les grands animaux ont été, de toute éternité, prédestinés à une forme : mais cette forme s’est dessinée à travers les