Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/62

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tant du peuple s’informa des besoins de la science. On lui mit sous les yeux l’ancien plan, déjà remanié et transformé. Les nécessités étaient immenses : la nature étouffait dans ces limites étroites où le manque de fonds obligeait à la renfermer. Nous croyons devoir copier textuellement une note manuscrite qui donnera une idée du triste état des collections : « Il y avait au cabinet quatre cent trente-trois oiseaux, qui ont tous ou presque tous été réformes ; il n’en restait plus que cinq en 1837. Il n’y avait rien du tout en magasin. » La ménagerie n’existait pas : l’exhibition publique d’animaux vivans se bornait, dans le jardin, à un zèbre, un vieux tapir, quelques singes et quelques mammifères, qui ont été depuis donnés. Voilà quelle était la situation du Jardin des Plantes au moment où le citoyen Lakanal se présenta comme visiteur et comme membre de la Convention sous le toit paisible du patriarche de la science. On s’était peu aperçu de la révolution et de ses conflits dans le modeste asile de la rue Saint-Victor ; les cris du peuple soulevé, les décharges de mousqueterie et d’artillerie, étaient venus mourir dans les feuillages de tilleuls et de marronniers où gazouillait la voix éternelle des oiseaux. L’arrivée de cet étranger, porteur des destinées de la science, fut un événement : on lui exposa les moyens d’améliorer l’établissement auquel il témoignait un intérêt si vif. Cette conversation fut aussitôt transformée en un décret, qui, débattu le soir au sein du comité d’instruction publique, fut porté le lendemain même à la Convention nationale et adopté.