Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/77

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rité, auquel l’avaient élevé les travaux modernes de la science. Désespérant de revoir la France, Lakanal avait renvoyé du Tombeckbée, en 1831, la clé des serres dont les naturalistes du Jardin des Plantes lui avaient fait présent à titre de fondateur du Muséum ; on lui en rendit une autre en 1834 avec son nom gravé..

Il avait conservé une foi inébranlable aux principes de la révolution. « Ce n’est pas, disait-il alors, une vaine idolâtrie, ce n’est pas un aveugle enthousiasme pour nos dogmes nouveaux qui nous persuade qu’ils sont les meilleurs, qu’ils sont les seuls bons ; c’est une démonstration aussi rigoureuse que celle des sciences exactes. » Comment un tel homme ne fût-il pas demeuré froidement convaincu ? Chez lui les idées révolutionnaires avaient la force d’un axiome géométrique. Son inflexible esprit avait résisté à toutes les épreuves, au milieu des changements à vue qui avaient transformé le monde politique depuis un demi siècle. Sévère avec les idées, il était bienveillant envers les hommes. Simple dans ses mœurs, il aima jusqu’au dernier jour ses livres, la nature, ses amis : Berryat de Saint-Prix, le docteur Lélut, le statuaire David, Carnot, Blanqui, Geoffroy-Saint-Hilaire père et fils, lord Brougham. MM. Thiers et Mignet lui avaient été utiles pour arranger 56$ affaires au Tombeckbée ; il s’eu montrait fort reconnaissant. Cet homme, qui avait obligé tant de monde dans sa vie, n’oubliait pas un service. Lakanal se croyait riche de ses possessions dans les États d’Alabama ; mais c’était une de ces fortunes sur place qui de loin ne se