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INTRODUCTION
VIII

gloire et elle pourrait sembler sans récompense, si la seule récompense du travailleur n’était la conscience du travail accompli. — Ici du moins les encouragements, les exemples même ne devraient pas leur manquer. Ceux de nos anciens établissements américains qui ont donné naissance à des nations nouvelles ont en effet d’eux-mêmes témoigné le souci de leur propre histoire. Le Canada suscite ses historiens et ses bibliographes ; les États-Unis ont pour la Louisiane une filiale sollicitude ; il faut avouer cependant que Haïti marque plus d’empressement que de critique pour un passé qu’il borne d’ailleurs volontiers à la proclamation de son indépendance. Mais, pour l’histoire de leurs possessions, les Anglais sont ici encore nos modèles et nos guides[1] et l’Espagne a publié elle-même sur les siennes des collections de textes[2] auprès desquelles nous ne pouvons rien mettre en ligne.

Il est profondément regrettable d’avoir à constater ici cette lacune, et j’ajoute que l’indifférence des corps savants et des pouvoirs publics français pour l’histoire de notre ancienne colonisation paraît au moins illogique chez un peuple qui prétend renouer d’anciennes traditions nationales en se créant dans le monde un empire colonial nouveau. Il n’est que juste de reconnaître qu’ici encore l’initiative privée peut faire œuvre féconde. Déjà pour l’Inde française d’importants travaux dus à des Français ont préparé les voies à l’historien[3]. Madagascar, soucieux de son avenir,

  1. Il suffit de citer ici la Colonial Series des Calendars of State Papers.
  2. Coleccion de docurnenlos inédilos relativos al descubrimienlo, conquista organisacion de las anliguas posesiones de ultramar (v. infra, chap. III).
  3. Sans parler des travaux d’inventaire bien connus de E.-H. Vinson, et de thèses de doctorat es lettres ou autres monographies de valeur