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XVI
INTRODUCTION

une destruction rapide[1]. Quant aux bibliothèques des ordres religieux on sait mieux encore par quelles vicissitudes elles ont passé depuis un siècle et demi. Si la plupart de leurs beaux livres ornent maintenant nos collections publiques, beaucoup de pièces ou opuscules, considérées jadis comme sans valeur, ont irrémédiablement disparu. Mais beaucoup aussi de ces importantes bibliothèques, patiemment reconstituées par certains ordres religieux depuis la Révolution française, dispersées de nouveau sous nos yeux avec ces ordres eux-mêmes, sont allées enrichir les précieuses collections qui ne cessent de s’accroître à l’étranger et demeurent à jamais perdues pour la science française.

Plus efficace en effet que toute autre cause pour rendre introuvables en Europe les livres anciens relatifs aux deux Amériques est la remarquable ténacité qu’ont mise les bibliophiles et les érudits des États-Unis à se rendre les seuls possesseurs de ces sortes d’ouvrages. Dans le cours du xixe siècle, en effet, le goût des choses de l’esprit n’ayant cessé de se développer dans la jeune nation américaine, de nombreuses et considérables bibliothèques se sont fondées outre-mer, ayant tantôt pour noyau les collections privées de quelque riche bibliophile, tantôt constituées rapidement grâce aux libéralités somptueuses de quelque grand seigneur de l’industrie[2]. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner qu’ap-

  1. Sur la destruction du papier aux Antilles, voir notamment Bulletin de la Société de l’Histoire de France, 1853-54, pp. 101-105.
  2. Sur les principales bibliothèques des États-Unis, voir dans les Bibliographical Contributions publiées par la Library of Harvard University : Coolidge Lane (W.) & Knowles Bolton (Ch.). Notes on special collections in American libraries. Cambridge (Mass.), 1892, in-8, 82 pp.