Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/129

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belles combinaisons entre les corps. C’est sur des règles presque toutes semblables que la Divinité a construit et gouverne le monde moral ; mais quittons des comparaisons qui ne sont pas à la portée de tout lecteur.

L’homme veut toujours et invinciblement être heureux ; son impuissance l’avertit sans cesse qu’il ne le peut être sans communication de secours ; il est aussi informé qu’il est une infinité d’êtres possédés du même désir que lui ; il est à chaque instant convaincu que son bonheur dépend de celui des autres, et que la bienfaisance est le premier et le plus sûr moyen de sa félicité première, et le plus sûr moyen de sa félicité présente. Tout semble lui crier : Tu veux être heureux, sois bienfaisant. Sans t’embarrasser d’abord de qui tu tiens l’être, apprends que tu ne peux en jouir sans être bienfaisant. Veux-tu t’élever à la connaissance de ton Auteur ? sois bienfaisant.

Pourquoi, sourd à ces conseils, en écoute-t-il de diamétralement opposés à sa félicité ?

C’est que la morale vulgaire, ainsi que la politique, a renversé et corrompu la plupart des idées, aussi bien que l’ordre et la succession de ces idées.

Tâchons donc de reconnaître et de suivre les véritables traces de la nature, de découvrir ce qui a pu interrompre ses procédés, en troubler le succès ; indiquons les vrais moyens de réparer ces désordres.

Véritable succession et progrès des idées morales ; hypothèses
qui les prouvent.

Je dis : 1o que dans l’ordre naturel, l’idée de bienfaisance, soit active ou passive, précède toute autre idée, et celle même de la Divinité ; 2o que cette idée est la seule qui élève les hommes à celle d’un Dieu, plus tôt et plus sû-