Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/206

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continuelle révolution, revienne sur lui-même, ou qui se perde dans l’infini sans cesser de couler, tout ce qui est contraire aux règles de ce cours, est immanquablement puni, soit par l’erreur et les maux qui la suivent, soit par le néant.

Derniers conseils donnés aux hommes.

… Et toi, Humanité, sois maintenant libre et paisible, ne forme plus qu’un grand corps organisé par les accords d’une unanimité parfaite ; que la variété infinie de désirs, de sentiments et d’inclinations se réunisse en une seule volonté, qu’elle ne meuve les hommes que vers un unique but, le bonheur commun ; que, semblable à la lumière, cette félicité s’étende également à tous. Sois la mère commune d’une famille heureuse ; que rien n’appartienne qu’à toi ; qu’une multitude de bras rassemble dans tes trésors les fruits de l’abondance et les ouvrages de l’industrie ; qu’ils y reversent sans cesse plus que n’y peuvent puiser les besoins de la nature. Tu ne seras plus asservie à l’incertitude d’une foule d’opinions absurdes ou honteuses ; tu ne seras plus obsédée d’une foule de préjugés insensés ; tu ne seras plus tyranniquement forcée de renoncer à tes propres lumières pour admettre ou pour concilier des contrariétés révoltantes… Tu n’érigeras plus des temples au monarque des cieux ; l’univers est le moindre ornement de son sceptre, tu es moins destinée à lui faire rendre de vains honneurs qu’à porter les hommes à exécuter ses intentions : fais qu’ils s’aiment, qu’ils s’entr’aident comme fils d’un même père ; touchés de bienfaits réciproques, pourront-ils méconnaître ceux de la cause première ? C’est en cela seul que consiste l’essence de toute vraie religion ; tout le reste n’est qu’une artificieuse im-