Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/82

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lors donc qu’elles se sont rencontrées en d’autres climats, ne se regardant déjà plus que comme des êtres animés, d’une espèce différente, la moindre contestation, la moindre querelle a dû facilement les porter à s’entre-détruire presque sans répugnance et sans horreur.



Les législateurs n’ont corrigé aucun désordre.


C’est donc en conséquence de toutes les discordes qui ont suivi l’affaiblissement ou l’extinction de toute affection de consanguinité, de quelque manière que ces troubles soient arrivés, que les peuples, las de cet état violent, ont consenti à se soumettre à des lois ; mais la plupart, ou pour mieux dire tous ceux auxquels ils s’en sont rapportés, soit pour régler des coutumes introduites, soit pour faire de nouveaux établissements, loin de corriger des abus, loin d’abolir des usages vicieux et les préjugés qui les autorisaient, loin de chercher les moyens de rapprocher et faire revivre les premières constitutions de la nature, prenant, pour avoir plus tôt fait, les choses et les personnes telles qu’ils les trouvaient, ces réformateurs, ces fondateurs de républiques, n’ont fait qu’appliquer çà et là quelques contrepoids, quelque étançon qui pût tellement quellement soutenir la sociabilité prête à se dissoudre.

Ainsi, comme, en remontant à l’origine et aux causes physiques de l’affaiblissement des sentiments de consanguinité, j’ai découvert la naissance de tout désordre, de même, en remontant à l’origine de toutes sociétés, c’est-à-dire aux établissements qui leur ont donné quelque forme, on trouvera que les lois qui n’ont apporté que des remèdes palliatifs aux maux de l’humanité peuvent être regardées comme causes premières des suites fâcheuses