Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/99

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hommes, la réponse est facile ; l’intérêt personnel, ou un intérêt étranger que la vanité fait adopter, et qui est toujours tributaire du premier. Mais de qui ces monstres tiennent-ils le jour ? de la propriété.

C’est donc en vain, sages de la terre, que vous cherchez un état parfait de liberté où règnent de tels tyrans. Discourez, tant qu’il vous plaira, sur la meilleure forme de gouvernement ; trouvez les moyens de fonder la plus sage république ; faites qu’une nation nombreuse trouve son bonheur à observer vos lois ; vous n’avez point coupé racine à la propriété, vous n’avez rien fait ; votre république tombera un jour dans l’état le plus déplorable. C’est en vain que vous attribuerez ces tristes révolutions au hasard, à une aveugle fatalité qui cause l’instabilité des empires comme celle de la fortune des particuliers ; ce sont des mots vides de sens.



Ce que c’est que le hasard dans l’ordre moral.


Ce hasard, cette prétendue fatalité morale ne sont que des effets de la discordance des volontés, auxquelles vous devez vous attendre, pour avoir négligé les vrais moyens d’associer ces volontés, conformément aux intentions de la nature : il n’entre point de hasard dans son plan, point de vicissitudes monstrueuses dans son cours, dans ses révolutions ; sa marche est constante, uniforme ; enfin, je le répète, ce hasard qui change les républiques en monarchies, et celles-ci en gouvernements tyranniques, n’est point une véritable fatalité : il n’y a rien en cela de fortuit ; la cause n’en est que trop sensible : c’est la propriété, l’intérêt, qui tantôt associent les hommes, et tantôt les subjuguent et les oppriment.

Vous dites, que les principes de la démocratie sont la