Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/181

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guerre au chevalier qui était un peu porté sur sa bouche et, pour citer quelque chose de délicat, usait de ce dicton :


Aile de perdrix, cuisse de bécasse, toute la grive.

Mais c’était pour rire qu’il le piquait ainsi, sachant fort bien que plus d’une fois il avait envoyé les meilleurs morceaux à des voisins malades. Quoique enfant encore ignorant, comme celui qui ne fait que commencer à apprendre, je m’étais vite aperçu que rien n’était plus agréable au curé que de faire le bien, et de voir en profiter ceux à qui il le faisait. C’est ce qui me donnait tant de cœur à étudier, en voyant de quelle affection il me montrait.

— Aussitôt que tu sauras bien lire, m’avait-il dit, tu apprendras les répons de la messe, et tu me la serviras, car ce pauvre Francès se fait vieux.

Quand la bonne volonté y est, on apprend vite. Aussi le curé me dit un jour :

— À Pâques, tu seras en état de servir la messe.

Je le remerciai simplement, car il n’était pas façonnier et n’aimait pas les compliments, quoique bon comme il n’est pas possible de le dire.

Lorsque vint le jour de Pâques, je savais mes répons sur le bout du doigt. Une chose cependant m’ennuyait, c’était de ne pas comprendre les paroles latines ; je l’avouai au curé qui ne le