Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/194

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V

Cinq années se passèrent ainsi, bien pleines et sans nul souci présent pour moi. De temps en temps, il me sourdait quelque pénible souvenir du comte de Nansac et de tous mes malheurs, comme une piquée d’écharde dans la chair, mais le travail amortissait ça un peu. La semaine, je travaillais dur tout le jour, je mangeais comme un loup et je dormais comme une souche. Le dimanche, après la messe, je faisais aux quilles avec les autres garçons du bourg, ou au bouchon, que nous appelons tible, ou encore au rampeau. L’hiver nous allions énoiser dans les maisons, et après, chacun son tour, on allait faire l’huile au moulin de la Grandie. Et puis il y avait les veillées, où l’on aidait aux voisins à égrener le blé d’Espagne, à