Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/200

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» — Laissez en paix le citoyen et la citoyenne La Jalage ; c’est eux qui nourrissent les pauvres de leur commune, et il y en a.

» Et, par deux fois, il prit la parole pour nous défendre, et finit par faire passer l’assemblée à l’ordre du jour.

— Mais, fit le curé, vous dites : « La Jalage » ; est-ce donc votre nom ?

— Parfaitement. C’est notre nom patronymique ; Galibert est un nom de terre. Nous descendons du fameux Jean de La Jalage, dont vous voyez la grossière statue commémorative dans une niche carrée du mur extérieur de l’église qu’il défendît contre des routiers anglais.

Et, saisissant l’occasion aux cheveux, le chevalier, grand diseur d’histoires, raconta celle de Jean de La Jalage.

— C’était, dit-il, un sergent d’armes du temps de Charles VI, qui avait suivi le maréchal Boucicaut lors de son expédition contre Archambaud, le dernier comte de Périgord, et s’était ensuite établi à Fanlac, après la prise de Montignac en 1398.

» En ces temps les Anglais étaient dans nos pays, de sorte qu’une troupe de ces brigands mêlés de malandrins des grandes compagnies, traversant le Périgord, vint à passer par le Cern et Auriac, se dirigeant vers Fanlac. Notre église était fortifiée, comme il apparaît encore. Jean de La Jalage la fait garnir de provisions et y fait retirer les gens de la paroisse, en sorte que