Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/207

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— Rien de bon, sans doute. Il y a là quelque tour de ces renards de jésuites, qui m’auront desservi à l’évêché.

Le lendemain matin, le curé, ayant emprunté la jument du chevalier, et ses houseaux, montait à cheval et partait pour Périgueux par les chemins de traverse, en passant par Saint-Geyrac.

— Bon voyage, curé ! lui dit le chevalier, la jument est solide, mais tenez-la tout de même dans les descentes ; vous savez le proverbe :


Il n’est si bon cheval qui ne bronche.

Lorsque le curé revint le surlendemain, je connus à sa figure que quelque chose n’allait pas bien. Lui ayant demandé s’il avait fait bon voyage, il me répondit :

— Oui, Jacquou, quant à ce qui est du voyage lui-même.

Je n’osai en demander davantage, et j’emmenai la jument à l’écurie.

Aussitôt qu’il sut le retour du curé, le chevalier vint au presbytère savoir ce qu’il en était, et, le soir, il raconta tout à sa sœur. Le curé avait, lors de la Révolution, prêté serment à la constitution civile du clergé, et voici que, trente ans après, on s’avisait de le chicaner là-dessus ; oui ! et on lui demandait une rétractation publique de son serment.

Lui, avait répondu à l’évêque qu’il avait autrefois prêté ce serment, parce qu’il n’intéressait point les dogmes de l’Église ; que sa conscience