Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

on les payait. Lorsqu’on avait remis les sous au marguillier, qui les jetait dans la soupière, il disait :

— C’est à celui-là.

Alors chacun à son tour s’approchait du curé qui leur mettait son étole sur la tête et récitait des versets de l’évangile selon saint Matthieu, où il est question de la guérison de plusieurs malades et infirmes. Après l’évangile, les gens allaient se frotter au saint : car l’évangile, ça n’était rien au prix de saint Rémy, d’autant plus que l’évangile se payait et que le saint frottait gratis. Mais ce n’était pas celui qui était dans le chœur : on avait eu beau le passer en couleurs, personne ne le regardait. Le véritable, c’était un petit saint de pierre qu’on avait tiré de sa niche et que chacun prenait pour se frotter la partie malade, ou se faire frotter par un voisin, lorsque les douleurs étaient dans l’échine ou dans les reins. On se frottait l’estomac avec, les bras, les jambes, les cuisses, sur la peau autant que ça se pouvait. Ce bonhomme de saint avait une telle réputation de guérisseur, que les gens l’appelaient en patois : saint Rémédy, comme qui dirait : saint Remède ; et que dans le courant de l’année, la chapelle étant fermée, les passants affligés de douleurs, allaient pleins de confiance se frotter contre le mur extérieur de la chapelle au droit de sa niche.

Mais les jours de dévotion comme celui-ci, on se frottait directement. Ceux qui avaient la scia-