Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et lui, de son côté, m’ayant attrapé par le col de ma blouse, nous nous saboulions comme à prix fait, tandis que le melon roulait sur le chemin.

L’homme était plus âgé que moi de cinq ou six ans, mais tout de même je le jetai à terre, et je lui bourrai la figure à coups de poing, de manière que je lui fis saigner le nez. Ayant un peu passé ma colère, je le lâchai ; il se releva, ramassa son melon qui s’était quelque peu écrabouillé en tombant, et, sentant qu’il n’était pas le plus fort, continua sa route, non sans me faire des menaces de nous revoir.

— Quand tu voudras, grand essoti ! lui criai-je.

Et, montant dans le coteau rocheux à travers les taillis de chênes clair-semés, je fus bientôt à Fanlac.

Je fis mon possible, en arrivant, pour ne pas rencontrer le curé, mais, justement, je m’en allai me jeter dans ses jambes. Il connut d’abord à ma blouse déchirée que je m’étais battu, et il me demanda à quel sujet. J’étais un peu embarrassé, ne voulant pas mentir, et ne voulant pas lui dire non plus de quoi il s’agissait. Pourtant, pressé de questions, je finis par lui avouer l’affaire :

— Ma foi, monsieur le curé, c’est à cause de vous.

Et je lui racontai tout, excepté que l’homme eût parlé de la demoiselle Hermine.

— Mon garçon, me dit-il quand j’eus fini,