Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/249

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tout à peu près en ordre. L’ancienne maison était grande assez ; il y avait une vaste cuisine, une belle chambre où l’on aurait pu mettre quatre lits, et deux petites. Le curé jeta un coup d’œil sur l’installation, et sembla retrouver sous le vieux toit de famille les souvenirs de son enfance, car il resta longtemps pensif devant le feu.

L’heure du souper approchant, la Fantille mit une nappe au plus haut bout de la table, et y plaça le couvert du curé, puis elle trempa la soupe.

— Dorénavant, dit-il en la voyant faire, nous mangerons tous ensemble. Il n’y a plus ici de curé, obligé par état de garder certaines convenances ; il n’y a plus que Pierre Bonal, fils de paysan, redevenu paysan. Demain Virelou viendra pour me faire d’autres habillements.

— Comment ! s’écria la Fantille en joignant les mains ; vous allez poser la soutane, monsieur le curé !

— Sans doute, puisque je ne suis plus curé, et qu’il m’est défendu de la porter… Allons, mets des assiettes sur la table pour toi et Jacquou.

La Fantille hésitait, ne sachant plus où elle en était, mais elle finit par obéir.

Alors le curé, se levant, s’approcha de la table, fit le signe de la croix et récita le Benedicite.

Ayant fini, il s’assit, prit la grande cuiller et nous servit, à Fantille et à moi, chacun une