Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au lieu du bon feu que nous pensions trouver, la souche était sur les landiers, toute noire, éteinte.

— Ah ! s’écria ma mère, c’est méchant signe ! il nous arrivera quelque malheur !

En farfouillant sous la cendre avec une brindille, elle trouva quelques braises, sur lesquelles elle jeta un petit fagot de menu bois, qui flamba bientôt sous le vent du tuyau de fer qu’elle mit à sa bouche.

Lorsque je fus un peu réchauffé, n’ayant plus peur du loup, je dis :

— Mère, j’ai faim.

— Pauvre drole ! il n’y a rien de bon ici… fit-elle, pensant au réveillon du château ; et, découvrant une marmite, elle ajouta : — Te voici une mique.

Tout en mangeant cette boule de farine de maïs, pétrie à l’eau, cuite avec des feuilles de chou, sans un brin de lard dedans, et bien froide, je pensais à toutes ces bonnes choses vues dans la cuisine du château et, je ne le cache pas, ça me faisait trouver la mique mauvaise, comme elle l’était de vrai ; mais, ordinairement, je n’y faisais pas attention. Oh ! je n’étais pas bien gourmand en pensée, je n’appétais pas la dinde truffée, ni les pâtés, mais seulement un de ces beaux boudins d’un noir luisant…

Pourquoi, là-haut, tant de bonnes choses, plus que de besoin, et chez nous de mauvaises miques froides de la veille ? Dans ma tête d’enfant, la