Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/257

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d’eux. Déjà, les plus hardis parlaient d’entrer de force au presbytère et d’amener le curé, lorsque ceux qui étaient enfermés dans l’église finirent par faire sauter la serrure, et ouvrirent à deux battants. Le cercueil fut alors apporté devant le chœur, à la place ordinaire ; des cierges furent allumés autour, selon la coutume, et le marguillier, qu’on avait été chercher et amené malgré lui, revêtu d’une chape, chanta en tremblant de peur l’office des morts. On l’obligea ensuite à encenser et asperger le défunt comme eût fait le curé lui-même, et, tout étant fini à l’église, on partit pour le cimetière, où le pauvre marguillier, qui se croyait sacrilège, fut encore obligé de parachever les dernières cérémonies, jusqu’à la pelletée de terre finale sur le cercueil descendu dans la fosse.

Pendant que tout ceci se passait, le chevalier, qui était tenace, avait été à Périgueux faire une dernière démarche près de l’évêque et lui représentait le tort que sa décision faisait à la religion, le curé disant sa messe le dimanche devant les bancs vides.

— Il est à craindre, ajouta-t-il, qu’à la première occasion il ne se produise un désordre, tant tous les paroissiens sont outrés du départ du curé Bonal, et mal disposés pour son successeur qui semble prendre à tâche de le faire encore plus regretter !

Mais le pauvre chevalier eut beau plaider et patrociner la cause de la religion et celle de son