Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/327

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je fus porté, ou plutôt traîné par des escaliers de pierre, puis rudement jeté à terre. Ensuite on me passa une corde sous les bras, et bientôt je sentis qu’on me descendait dans le vide en filant la corde. Après une descente que j’estimai à huit ou dix mètres, je touchai le sol, où je restai étendu sur le ventre. En même temps la corde, tirée par un bout, remonta en haut ; j’entendis un bruit comme celui d’une dalle retombant sur la pierre, et ce fut tout.


« Me voici enterré dans les oubliettes de l’Herm ! » fut alors ma première pensée. Puis je songeai à me tirer de la position incommode où j’étais. Mais les gredins m’avaient ficelé de telle sorte que ça n’était pas chose facile. Je tâchai d’abord de me retourner sur l’échine, et, après plusieurs sauts de carpe, j’y parvins. Cela fait, j’essayai de me mettre sur mes jambes, mais je ne pus y réussir, et plusieurs fois je chutai lourdement à terre. Meurtri et las, je restai assez longtemps immobile, puis, me roulant péniblement plusieurs fois, je finis par me trouver le long d’un mur, auquel, tournant le dos, je frottai les cordes qui me liaient les mains. Mais, outre que la manœuvre n’était pas aisée, les cordes étaient solides, de manière que, après avoir longuement frotté, je m’arrêtai épuisé de fatigue. L’air que je respirais avec peine à travers la grosse toile du sac était lourd, épais ; une odeur fade de souterrain humide me venait aux