Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/353

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quelque bruit, en sorte que les grands chiens courants du comte hurlèrent au fond de leur chenil. Heureusement, comme ça arrivait souvent, les gens du château n’y firent pas attention.

À ce moment, le chevron arriva, cheminant comme un monstrueux mille-pattes, et entra dans la cour. À quinze pas, les hommes se mirent à courir, fonçant sur la porte, et lui portèrent un rude coup qui retentit dans la tour de l’escalier, mais elle ne céda pas. Tandis que nos gens revenaient en arrière pour prendre du champ, des têtes effarées apparurent aux croisées du château, des cris se firent entendre et bientôt des lumières coururent partout à l’intérieur. À ce moment un second coup de chevron ébranla la porte.

— Courage, mes amis ! elle va céder ! m’écriai-je.

Au même instant, des coups de fusil furent tirés par quelques-uns des nôtres apostés autour du château, et ceux qui étaient montés aux échelles brisèrent les fenêtres à grand bruit.

Pendant que les porteurs du chevron reculaient pour choquer de nouveau la porte, des canons de fusil passèrent par les meurtrières qui défendaient l’entrée, et plusieurs coups de feu éclatèrent, tirés tant du dedans que par les nôtres. Les femmes se mirent alors à crier, voyant un homme blessé lâcher le chevron ; mais une belle gaillarde robuste galopa le rem-