Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/441

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sur une voie de lièvre ; la belette et la fouine surprenant les couveuses dans le nid ; les loups rôdeurs sortant de leur fort à l’heure où se lèvent les étoiles, et rentrant le matin après avoir mangé quelque chien resté dehors autour d’un village. Il m’est arrivé de passer de longs moments à épier le manège de quelque animal qui ne me voyait pas.

Une chose bien curieuse, c’est de voir les oiseaux faire leur nid. Leur adresse à tisser la mousse, la laine, l’herbe, le crin, est étonnante aussi bien que la rapidité avec laquelle ils ont achevé. Je connaissais tous les nids : celui de l’alouette qui fait le sien à terre dans l’empreinte d’un sabot de bœuf, et qui le cache si bien que souvent le moissonneur passe dessus sans le voir ; celui du loriot, suspendu entre les deux branches d’une fourche ; celui du roitelet bâti en forme de boule, avec un petit trou pour l’entrée ; celui de la mésange, que nous appelons sanzille, où quinze à dix-huit petits sont pressés l’un contre l’autre dans un trou de châtaignier ; celui de la tourterelle, qui est fait de quelques branchettes croisées sans plus. Rien qu’en voyant un œuf, je pouvais dire sans me tromper de quel oiseau il était ; cependant, il y en a beaucoup d’espèces dans nos pays.

J’aurais voulu savoir aussi le nom de cette grande quantité de plantes qui foisonnent chez nous ; je dis : leur nom français, car de nom patois, la plupart n’en ont pas, à ma grande